Ethnomédecine : Questions importantes


  

 

 

 

 

 

 

Cours d’ethnomédecine de Christian Busser


 

Questions importantes revues sous d’autres angles

 

A.   L’ethnomédecine : une jeune discipline et son histoire

  

  1. Autour d’une définition

 

   2. La reformulation moderne d’une démarche ancienne: les quatre divisions de l'anthropologie médicale

 

  3. Une science interdisciplinaire

 

B.    L’ethnomédecine : ses branches, ses méthodes

 

  1. Ethnobotanique et ethnopharmacologie

 

  2. Les méthodes de terrain: l'enquête ethnomédicale

 

C.   Médecine traditionnelle et médecine populaire en Europe

  

  1. Définitions

 

   2. Les grandes étapes de la médecine en Europe : Antiquité, Moyen-Âge, Temps modernes

 

   3. Sources des savoirs traditionnels en Europe et modes de transmission ( antiques, médiévales, de la renaissance, la "médecine de Molière", les monastères et les églises, la sorcellerie et les pratiques magiques, les apothicaires

  

D.   Médecine populaire dans les Vosges : une thérapeutique populaire européenne exemplaire ; représentations et théories

 

  1. Les trois principales théories de la connaissance des remèdes( hors techniques chamaniques étudiées ailleurs): la théorie des essais et des erreurs ; la théorie des signatures; l'observation des animaux.

 

   2. L’apport de la linguistique dans la connaissance de la maladie et des remèdes

 

E.    Médecine populaire en Europe : pratiques actuelles

 

  1. Les thérapeutes traditionnels : rebouteux, herboristes, sorciers, magnétiseurs, guérisseurs par le secret…

 

  2. Remèdes tirés des trois règnes

  

  3. Les nouvelles thérapies : à base de plantes, les traitements du psychisme, dérivés de l’homéopathie, autres médecines alternatives reliées à l’invisible ou à des données ésotériques ( acupuncture, kinésiologie, médecines des chakras…), risques de dérives.

 

 L’enquête ethnobotanique, ethnopharmacologique ou « ethnomédicale » 

 

Séjour prolongé sur le terrain, il y a un côté initiatique

L’enquête est le travail ethnologique par excellence 

Le terrain est le lieu ou l’ethnologue va se rendre pour obtenir des informations d’un groupe donné

 

Intérêt : permet l’immersion

En ethnobotanique voir où se rendent les femmes et les hommes pour cueillir c’est l’observation directe

Ecrire un carnet d’entretien, d’observation 

 

Remise en question permanente (= ajustement) : des présupposés de départ, c’est l’injonction du terrain, traduit la capacité à observer ce à quoi on n’était pas préparé : exemples traitement de maladies graves, utilisation de plantes toxiques, toujours présence active de sorcellerie

  

Méthodes :

L’ethnologie a pour objet l’étude des groupes humains, observés dans leurs activités sociales, à travers leurs productions culturelles et symboliques, leurs savoirs techniques.  Elle fait partie des sciences humaines au même titre que la sociologie, la géographie et l’histoire.

 

Mais, bien qu’elle soit proche de ces disciplines, l’ethnologie se distingue par ses méthodes :

 

-  L’enquête orale : entretiens auprès d’informateurs ;

-  L’observation participante : intégration active à la vie des personnes étudiées ;

-  Le contact in vivo avec la communauté : étude de son propre milieu de vie ;

-  La comparaison avec les autres groupes ou autres cultures.

 

   En définitive, l’ethnologie est la science qui conduit à la découverte de l’autre.  Des auteurs distinguent trois moments de la réflexion ethnologique : 1) la découverte de l’autre;  2) le recueil des faits marquants pour l’observateur;  3) l’explication de cette diversité.  Comment cela s’articule-t-il concrètement?  Par l’observation des usages sociaux, des comportements culturels et symboliques pour en trouver les différences et les similitudes

 

Enquête orale : c’est un outil important 

 Car au départ les premières sociétés enquêtées étaient sans écriture, le but était la constitution d’un corpus de sources documentaires= recueil organisé, réfléchi suite à un programme de travail empirique au départ

 

Doit pouvoir servir pour d’autres ultérieurement

 

Croiser les sources :

-         orales

-         films

-         photos

-         écrits

  

Dans chaque enquête j’opère une réadaptation.

 

L’ethnographie peut signifier l’analyse des données, c'est-à-dire avoir du recul sur l’enquête orale. Car celle-ci peut contenir des erreurs (croyances fausses sur la détoxification de champignons) ou souvent des témoignages d’une autre réalité. Il faut étudier également l’impact de l’écrit su r l’oral (influence de Mésségué sur les anciennes traditions orales), conduisant par exemple à de nouveaux usages ou néo usages ; ou à la validation par des auteurs modernes d’un savoir ancien. Si oui, ces auteurs sont-ils crédibles, ou eux-mêmes validés et par quelle autorité ?

 

Etude bibliographique très minutieuse ; bien connaître le sujet avant d’aller sur le terrain. 

Unité d’analyse : le village, la tribu, la région est-elle pertinente ; pour « Les plantes des Vosges », j’ai eu à choisir entre l’Alsace ou la montagne vosgienne ; or la montagne vosgienne forme un ensemble plus cohérent sur le plan culturel, linguistique, historique…

  

Préparation : Définir les grands thèmes

-         hiérarchiser les questions à poser (vécu pendant la deuxième guerre à situer par rapport aux croyances, puis aux schémas thérapeutiques ou aux questions de phytothérapie…)

-         création de grille d’enquêtes

-         pas de questionnaire sinn je risque d’influencer mon informateur par mon mode de pensée… sauf en linguistique, où j’ai constaté que c’est parfois le meilleur moyen de comprendre des catégories grammaticales précises : « la lavande »   préciser ou « il faudrait que j’aille »….mieux comprendre le mode d’expression, existence de subjonctif conjugué… 

 

GUIDES

Il existe :

-         des guides d’enquêtes ethnographiques pour instituteurs

-          des questionnaires sur les usages minéraux au Musée de Salagon

-          Et bien d’autres

 

Toponymie : interroger les personnes originaires du village et ses deux parents aussi. 

Linguistique : être capable d’entendre le vocabulaire, si possible de le comprendre, et de le transcrire en notation phonétique internationale : c’est la phase constitutive d’un lexique : à bien noter. Pour les patois et dialectes d’origine romane, consulter le dictionnaire étymologique Von Wartburg en 25 volumes (expériences avec le Pr Glessgen).

  

Magnétophone

 

-         utile mais non indispensable, saisir l’intégralité du discours

 

-         prendre aussi des notes, et noter les questions qui viennent à l’esprit

 

-         accepté ou non, demander l’autorisation ; peut provoquer des réactions d’hypercorrection au début de l’entretien

 

-         la vidéo se développe beaucoup, surtout pour la cuisine

  

Entretien

  

Accorder beaucoup d’attention aux silences, parfois indicateurs de question importantes, difficiles à dévoiler, secrets de famille, de pudeur….laisser le temps parfois plusieurs semaines voire années à l’informateur.

  

Entretien semi directifs, éviter les entretiens totalement directifs, pratiquer les questions ouvertes

 

Approcher les conditions naturelles de la conversation

  

A plusieurs : difficile car on ne maîtrise plus la conversation, mais je l’ai pratiqué en groupe ou avec des associations, mais avec l’aide d’un membre du groupe ou d’un autre enquêteur ou d’un « secrétaire »

 

Faire admettre que l’enquête orale est un travail, ne pas être dérangé si possible, bien que le café, les desserts (que de fois m’a-t-on proposé des tartes ou de l’eau de vie, le contact devient personnel voire amical, parfois on est littéralement intégré dans la famille. )

 

Déontologie

-         si magnéto, le dire et demander

-         clarté : annoncer ce que l’on fait, qui on est, les buts surtout 

-         les enregistrements sont soumis à des codes de propriété littéraire ou artistique : enquêteur et enquêtés sont copropriétaires

 

Classement des données 

-         noter sur la cassette date et jour nom des enquêteurs et des informateurs

-         réécouter le jour même et noter ou saisir

-         mettre au propre et noter les problèmes posés, les questions

  

Particularités ethnobotaniques

 

-         les plantes dans la vie quotidienne

-         sauvage cultivé

-         cuisine pharmacie

-         homme femme

-         envoi vers le spécialiste du village

-         dépositaire de l’histoire officielle du village

-         celui qui connaît les fils de l’invisible dans le village 

-         faux amis : bien noter tous les noms vernaculaires patois ou français qui peuvent varier d’un village ou d’un quartier à un autre : tchenivrer ou jnaub ou jnauv pour Juniperus, le genièvre, à 3 km de distance dans les Vosges.

 

o       Lo toubak signifiant dans les Vosges arnica tabac ou salsifis sauvage, plantes à priser

o       hysope en fumigation dans les étables ; c’est la lavande officinale

o       sauge des bois pour la digestion comme la verveine : il s’agit de Teucrium scorodonia L. ou Germandrée à feuilles de sauge et de la verveine officinale et non de la verveine odorante,  utilisée actuellement.

o       Noms à usages familiaux 

o       Asperges sauvages : clématites, houblon, asperge, asperge des bois (Ornithogalum pyrenaicum)…

 

-         Identification par un botaniste, sachant que la seule manière d’être sur de l’identité de la plante est la comparaison avec un herbier officiel (Institut de botanique).

-         Questionner sur l’origine des savoirs locaux

-         Rôle des curés, pasteurs, moines

-         Importance des néo savoirs à l’époque de l’enquête et leur rôle dans la transmission

 

L’enquêteur doit cerner exactement la sémantique des termes utilisés par l’interlocuteur. La classification populaire ou traditionnelle est étrangère au classement scientifique, mais elle a un sens, qu’il faut découvrir ; elle correspond aussi à un ordre cosmologique du monde. De plus les mots décrivant les pathologies font appel à une autre démarche que la nosologie moderne en médecine du XXIème siècle.

 

Sur le plan médical et ethnopharmacologique :

 

Accorder une attention particulière aux descriptions populaires des maladies (dont la classification et la nosologie sont souvent différentes des descriptions des pathologies retenues actuellement)

 

Toujours noter la partie de plante utilisée et le mode opératoire dans son contexte rituel, culturel, cultuel…

 

Recherche bibliographique a posteriori et confrontation avec les textes anciens d’une tradition  savante écrite s’ils existent. Elle permet des rapprochements intéressants, et parfois de retrouver des usages anciens ou au contraire de remarquer un usage original, spécifique au segment d’enquête.



C’est donc une véritable démarche de recherche.

 

 

 

 

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